21 sept. 2014

Ecriture: Concours de Calliope, 1ère manche

Bonjour bonjour!! Alors, comment trouvez-vous mon petit questionnaire? Je vois qu'il y a foule pour y répondre *ironie, quand tu nous tient...*  :D
Aujourd'hui, je viens vous poster un texte écrit au début de l'été, posté pour la première manche du concours de Calliope (sur JB, comme d'habitude). Je ne vous posterais pas le texte de la seconde manche, puisque c'est "Les yeux verts"!
Bonne lecture et... commentez! :)
Le silence est une utopie. Qui ne m’as jamais semblée aussi réelle qu’ici. Assise dans cette salle d’attente de l’hôpital St-Joseph, j’essayais de me concentrer. Mais les pleurs, les cris, les sanglots, et même les murmures m’en empêchaient. Agacée, je quittais la salle pour aller m’asseoir sur les marches du perron. J’avais besoin de me souvenir. Il FALLAIT que je me souviennes.

*5 ans plus tôt*
Grand-mère me regarda gravement. J’étais encore sous le choc. Ma grand-mère, ma mamie, avait un cancer. Irréversible. Mortel. Assise sur cette chaise inconfortable, je suffoquais. Du haut de mes 15 ans, je n’arrivais pas à réaliser. J’allais perdre ma grand-mère. Pour toujours.

*3 ans plus tôt (donc 2 ans après le texte précédent)*
Emmitouflée dans son grand manteau noir, je regardais le cercueil descendre dans la terre. Autour de moi, les quelques personnes qui étaient venues à l’enterrement restaient silencieuses. On aurait pu entendre une mouche voler. Sur ma joue, une trace humide se fit sentir. Etonnée, je constatais que je pleurais. Etrange. Je n’avais jamais pleuré.  Même pour la mort de mamie, quelques années plus tôt. Mamie, je l’aimais,  bien sur, mais pas autant qu’Amélie. Elle avait été toute ma vie. Petite, nous jouions ensemble dans le bac à sable ; puis, le temps passant, nos sentiments avaient évolués.  Alors qu’autour de nous, les couples hétéros se formaient, on commençait à nous insulter. « Gwuine », « lesbienne »… Nous n’y avions pas prêté attention, mais à présent, je comprenais que nous aurions du. Le cercueil en était la preuve concrète.  Je me rappellerais toujours le moment où, la semaine passée, les médecins nous avaient informés qu’elle ne survivrait pas à ses blessures. J’étais alors trop défaite pour penser seulement me venger de nos agresseurs. Lâches, ils s’étaient sûrement terrés dans leurs demeures, terrifiés par l’idée que je les pourchasses. Mais j’avis fait mieux que cela. Je m’étais montrée plus forte qu’eux. J’avais demandé à ma mère de me conduire au poste, et là, j’avais tout déballé. Tout. J’avais même amené des photos d’eux, sur la photo de classe. Ils avaient tout de suite été interpellés.
La musique se tut, arrêtant le cours divaguant de mes souvenirs macabres. L’une après l’autre, les personnes endeuillées déposaient sur le cercueil, qui une fleur, qui une photo, qui un pétale de rose. Je restais à ma place. J’avais trop mal pour bouger. Mal physique… mal mental…malmenée.

 *2 ans plus tôt (donc un an après le dernier texte)*
Cette fois, j’étais au crématorium. Je n’arrivais plus à compter les fois où je m’étais retrouvée en pareille situation. Mais cette fois, ce n’était ni ma mamie chérie, ni mon Amélie aimée, ni mes oncles et tantes décédés, non, cette fois, c’était mon père qui se trouvait devant moi. J’étais dans un cauchemar. J’allais me réveiller, c’était certain. Je crierais, et mes parents accourraient, me prenant dans leurs bras et me cajolant. Toutes ces dernières années d’horreur s’effaceraient.
Je regardais le filet de sang couler sur ma main. J’étais éveillée.


Et aujourd’hui, assise sur le perron, je me souvenais. Je me souvenais de cette vie maudite, qui avait causé tant de peine et de terreur. Peine pour ses proches. Terreur d’être le prochain. Seule ma mère était restée à mes côtés. ET MAINTENANT ELLE REPOSAIT LA, PAR MA FAUTE, DANS CET HOPITAL IMMONDE !!! La colère montait en moi. Je n’éprouvais plus que du dégoût envers moi-même.
Et ces cris, dans ma tête… TU N’AURAIS PAS DU FAIRE CA. TU SAVAIS QU’EN PRENANT CE COUTEAU ELLE ALLAIT MOURIR ET TU LUI A QUAND MEME JETE DESSUS !!! TU N’ES QU’UNE BETE SAUVAGE ET IMMONDE, ET TU SAIS COMMENT FAIRE POUR ARRETER CA, MAIS IL FAUT QUAND MEME QUE TU CONTINUES !! TU ES  LACHE, PLUS LACHE ENCORE QUE LES AGRESSEURS DE TA CHERE ET TENDRE. Une goutte de pluie atterrit sur mon front, comme si le ciel crachait sur ma culpabilité.

Je savais ce qu’il me restait à faire.  J’avais tué ma mère.  J’avais tué ma mère et je n’étais même pas triste. Toutes mes larmes avaient déjà été versées, il y a bien longtemps. Je n’avais que 20 ans mais j’avais l’impression d’en avoir vécu 100. Tout en me levant, je réfléchis à la manière d’en finir au plus vite. Un magasin pour grimpeur revendiquait ses grappins redoutables et ses cordes solides. Je souris. J’avais trouvé.
Et sinon, je vais bien, on pourrait même dire que je suis en pleine santé ^^!! 
Et bonne fin de journée!!

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